Un consentement entre nature et culture
Beaucoup de penseurs contemporains postulent que nous vivons actuellement une crise des récits et des imaginaires et que les enjeux écologiques ne se jouent pas uniquement sur les aspects matériels ou intellectuels, mais aussi sur notre rapport sensible au vivant. Il est en effet tout à fait possible que notre manière d'envisager nos frontières biologiques et individuelles ait un impact sur notre distance actuelle avec le monde vivant et que la distinction entre nature et culture soit à revisiter.
"Et bien! Dansez maintenant"
Après avoir chanté tout l'été, la cigale se prend un gros stop par la fourmi, et la fable de La Fontaine se conclut sur ce célèbre clivage entre ces deux archétypes, d'un côté l'intensité vécue sans restriction et de l'autre, l'anticipation protectrice. Dans les pratiques somadéliques, on explore de faire cohabiter joyeusement et en mouvement, notre part intérieure vigilante avec celle qui souhaite embrasser totalement l'instant présent, car il est fort à parier que ces deux parts s'expriment en permanence dans notre rapport à l'autre. Il est en effet tout à fait possible que le consentement soit l'affaire du sensible, du ressenti et qu'il puisse dépasser les limites de notre simple individualité.
Au delà des frontières du corps
"Ce n'est pas parce que je peux le faire que c'est juste". Il est tout à fait possible qu'en ne m'appuyant que sur ma simple conception de mes droits ou de mes devoirs, je passe à côté de l'essentiel, à côté de la beauté de l'instant. Ce n'est pas parce qu'on m'a autorisé à me balader dans un jardin que c'est cool de marcher n'importe où ou cueillir n'importe quoi. Quand je suis en contact avec un écosystème, quel qu'il soit, un corps ou un pan de nature, il est nécéssaire de sentir le plus largement et le plus précisément possible pour rester en contact avec l'esthétique du moment. Il s'agit d'une connaissance, d'une pratique bien plus proche de la musique que du civisme.
Se laisser pousser des antennes
Il est tout à fait possible qu'il ne soit pas nécéssaire que l'autre nous dise non avant de commencer à ajuster nos gestes et qu'en me connectant à l'autre, en oubliant un instant les enjeux de territoire et d'individu, en élargissant mon spectre sensible, je puisse capter ce qui se passe dans l'espace de l'autre. Peut-être que si on laisse pousser nos antennes, si on pousse vers le haut le curseur du sensible, il est possible de constater qu'il n'y a pas "d'autre", tout comme il n'y a pas "d'environnement" mais simplement un monde d'inter-relations complexes et que, dans ce contexte, apprendre à sentir est fondamental.
Danser les relation
Notre corps est un monde de relation. Tout dans notre corps est lié au monde. Nos gènes sont des récits qui ont pour certains plusieurs millions d'année. On partage ces gène avec un grand nombre d'espèces et certaines de ces espèces vivent concrètement en nous, en symbiose dans notre organisme, d'autre encore fondent la base de notre alimentation, leurs molécules devenant les constituants de notre propre corps, chacun de nos repas devenant alors l'occasion d'une réincarnation. Tout dans notre pensée est relation. Notre pensée est composée de représentations, soit des manifestations du monde qui se sont déjà présentées à nous, dans nos rêve, par nos sens ou dans notre imaginaire. Nous ne faisons que découvrir le monde en permanence et, par la pensée ou par le corps, nous l'invitons en permanence dans notre danse. Les pratiques somadéliques, c'est, à une toute petite échelle, à l'échelle microscopique d'un atelier ou d'un stage, une célébration de cette danse, une célébration de ce monde que, à défaut de pouvoir contrôler, nous pouvons sentir avec la plus grande implication qui soit.