C'est drôle, mais déjà, les premières questions que je me pose au sujet de mon intention en disent long sur mon mindset. Est-ce que c'est honnête? Est-ce que c'est intègre de "m'absenter" alors qu'on est là, au chaud sous la couette en mode vibreurs, à se murmurer du bout des doigts des promesse sur l'épiderme. C'est spontané. J'ai envie de sentir ce qui bouge si je change de distance. Mais voilà, y'a direct cette petite pointe de culpabilité qui pointe son nez. C'est la première chose que ressens. J'ai un truc avec la proximité. J'ai comme besoin d'être au plus proche. D'avoir le blaze dans la soupe pour sentir. J'aime être dans la matière. Un jour un prof de contact, après un échange dansé sur le parquet me pose, tout sourire : "Tu sais, c'est pas parce que c'est de la danse contact que t'es obligé de rester tout le temps en contact hein...". A cet instant, les rayons du soleil transpercèrent les sombres nuages pour venir baigner mon visage d'une divine lumière. Solo de violon. Instant d'épiphanie On venait de m'offrir la grace. Le don miraculeux de la distance. J'ai eu par la suite tout le loisir d'expérimenter cette nouvelle aptitude dans ma vie de tous le jours. Apprendre à bouger, à ne pas rester figé dans l'espace. Le mouvement mec. Si j'avais pris conscience de ça à la boxe, ça m'aurai évité un paquet d'hématomes. J'ai transposé ça en teuf... Ha mais oui, si je me retrouve coincé dans une conversation qui me fait saigner les oreilles, je peux aussi partir. Merci la vie. J'ai appris d'abord avec le corps du coup. Puis, j'ai mis ça en lien avec des formes ponctuelles d'immobilité mentale. Une certaine propension à rester assis sur mes idées comme un pingouin sur son oeuf. Le corps. Ce bel indicateur. J'ai appris à me déplacer dans l'espace, puis dans ma tête donc. Après quelques pérégrinations métaphysiques, j'ai remarqué que je pouvais aussi me déplacer dans mon expérience, dans ce que je suis en train de vivre. Mon expérience est comme une cuisine intérieure, un paysage gastronomique. Y'a des choses qui se préparent, dont je m'apprête à me délecter ou que je vais discriminer
Cette balade expériencielle, c'est easy youpi quand je suis tout seul. Quand je danse, quand je médite ou que je crapahute dans la nature. Mais si je suis en train d'interagir, si je suis en contact avec une autre personne, y'a plein d'enjeux qui se soulèvent, plein de questions qui se posent dedans. Et si ce contact est intime, alors là c'est la cerise. Festival d'obstacles. Toutes mes injonctions primaires reviennent au galop : surtout rester aux premières loges :: avancer :: rester au contact :: collé à ce qui se passe. Pourtant je connais la ritournelle. Observer l'expérience change l'expérience Et la plupart du temps, ça la transforme positivement. J'ai plus de choix, de possibilités, plus de champ. Et pourtant, à un endroit, mon corps est encore terrorisé dans l'espace de l'intime, d'où ce réflexe de rester collé, de pas bouger d'un iota. Et je sens que cette terreur prend racine là où c'est bien sombre, là où les souvenirs se perdent, dans la gluanteur du passé lointain. Ouaip. C'est subtil mais c'est bien de la peur. Mais la peur, c'est comme tout, ça se célèbre. Ca se danse. Et là, dans ce cocon intime, avec plein d'amour, je prend le risque. Entrer en mouvement. Je déambule dans ma cuisine métaphysique. Je prend du recul. J'observe. Et bien sur, la magie opère. Je suis toujours là. Elle est toujours là, bien en face de moi. Je suis plongé dans son regard, dans son corps, et partout j'observe. Et bien sûr, elle sent. Elle sent tout ce qui est en train de se vivre. Pas besoin d'en parler, d'en dire quoi que ce soit. Tout est là. Et, à un endroit, ça me fait un bien de ouf. A un endroit, ça guérit